Cette saison, Harriet FULLER et son compagnon Joseph DOWMAN, sont venus de l’autre bout du monde pour rejoindre notre club de Charleville-Mézières. Accueillir ces deux magnifiques personnes parmi nous a été une expérience incroyable.
Interview : English version
Depuis combien de temps jouez-vous au hockey et comment avez-vous commencé ?
Joe : Cela fait 20 ans que je joue au hockey. Je suis entré dans un magasin à Wellington qui vendait de l’équipement de roller hockey et de skate et j’ai rencontré Matt Chan, qui est devenu maintenant un coéquipier, un entraîneur et comme un frère pour moi et ma famille. C’est lui qui m’a dit d’essayer le roller hockey. Je suis très heureux de l’avoir rencontré et tiens à le remercier.
Harriet : En juillet 2009, ma famille et moi avons regardé la trilogie des Petits Champions. J’ai toujours été très sportive et en Nouvelle Zélande, on incite beaucoup les enfants à l’être. Même si j’ai pratiqué d’autres sports, le roller hockey et le hockey sur glace m’ont attiré immédiatement comme aucun autre sport ne l’avait fait avant. Mon amour pour le hockey est venu instantanément et mes frères et moi avons commencé notre histoire avec le hockey dès la fin de ces films. Le soutien de mes parents est une des principales raisons pour lesquelles j’ai pu profiter de ce sport pendant si longtemps. Je leur en suis extrêmement reconnaissante.
Harriet, tu joues aussi au hockey sur glace, est-ce que tu dirais que le roller et la glace sont complémentaires ?
J’ai commencé à jouer au hockey sur glace en 2017. Je pense en effet que ces sports se complètent bien. Le roller est une option plus accessible et moins chère. Cela signifie aussi que vous pouvez espérer avoir plus de temps de pratique. Le hockey sur glace, lui, offre de merveilleuses opportunités car il a un plus grand public. Personnellement, j’ai trouvé que patiner était plus difficile sur glace après avoir joué sur roller pendant 8 ans. Ce sont deux sports assez différents notamment avec la règle du hors-jeu qui influence fortement la stratégie de jeu. De nombreux joueurs de roller hockey en Nouvelle-Zélande pratiquent les deux sports et sont encouragés à le faire. Dans l’ensemble, le hockey sur glace a été une expérience très positive et je pense que plus les communautés du roller et du hockey sur glace peuvent collaborer et travailler ensemble, plus cela sera bénéfique pour les deux sports.
A quel niveau êtes vous impliqués dans le roller hockey en Nouvelle-Zélande ? Quels sont vos meilleurs souvenirs ?
Joe : Mon implication dans le roller hockey en Nouvelle-Zélande va de la pratique en tant que joueur, au coaching en passant par la conception numérique, la gestion d’une équipe KIHL (Kiwi Inline Hockey League) et je suis aussi membre du comité de notre club local. J’adore jouer et coacher et mes meilleurs souvenirs découlent des deux. C’est dur de choisir un souvenir en particulier tant ce sport m’a beaucoup apporté. En 2008, mon club d’origine a remporté les championnats nationaux U18 à Tauranga, en Nouvelle-Zélande. C’était un moment spécial pour moi car c’était mon premier titre national. L’un de mes meilleurs souvenirs en tant qu’entraîneur remonte à 2017, où j’ai eu l’opportunité pour la première fois d’entraîner une équipe nationale Néo-Zélandaise.
Harriet : Au sein de la communauté du hockey Néo-Zélandais, j’ai entraîné les équipes jeunesses de notre club pendant 6 ans. Ce sport m’a donné tellement d’opportunités qui ont façonné mon enfance et mes années de jeune adulte et je pense qu’il est extrêmement important de redonner en retour et de permettre à d’autres jeunes joueurs d’avoir ces opportunités aussi. En grandissant à Wellington, j’ai eu la chance d’avoir beaucoup d’excellents entraîneurs. Ils m’ont beaucoup inspiré et m’ont donné l’envie de m’investir dans mon club d’origine. Parmi mes souvenirs préférés, il y a évidemment de jouer avec la sélection nationale aux World Roller Games à Nanjing, en Chine, en 2017 et à NARCh à Irvine, en Californie, en 2019. Ces deux expériences m’ont beaucoup appris sur le hockey et j’ai pu y voir des joueurs incroyables.
Harriet, en Nouvelle-Zélande, tu joues avec les hommes : est-ce que c’est facile pour une joueuse d’intégrer dans une équipe masculine ?
Dès ma première saison à jouer au hockey, j’ai été encouragée à jouer avec les garçons. Les clubs de hockey de Wellington m’ont toujours permis à mes amies et moi de jouer avec et contre les garçons. Je leur en suis vraiment reconnaissante car sans cela, je sais que je n’aurais pas eu autant d’opportunités. Jouer au hockey avec des hommes m’a donné tellement de confiance et j’ai pu me dépasser davantage. On remarque plus facilement ses faiblesses en jouant à ce niveau et c’est ce qu’il faut pour progresser.
Je pense sincèrement que pour être aussi bon que possible, il faut jouer avec des hommes et des femmes. Cela dit, pour que le hockey féminin se développe, il est aussi important de continuer à jouer dans cette division si possible. Malheureusement, la fédération Néo-Zélandaise de roller hockey a récemment introduit de nouvelles règles qui ne permettent plus aux femmes de jouer dans les deux divisions. Personnellement, je trouve cela extrêmement triste.
« Jouer au roller hockey en France a été une expérience incroyable »
Une des raisons principale pour moi était de pouvoir jouer à la fois dans le championnat masculin et féminin.
Quelles sont les différences entre le roller hockey en Nouvelle-Zélande et en France ?
Harriet : Le roller hockey en Nouvelle-Zélande comme en France repose sur des clubs amateurs avec des personnes passionnés. Toutefois, le hockey en France est beaucoup plus répandu, ce qui permet d’avoir plus d’équipes, de divisions et de terrains dans
le pays. J’ai vraiment aimé participer à la Coupe de France. Nous n’avons pas ce genre de choses en Nouvelle-Zélande. Au niveau
du jeu, la première chose que nous avons remarquée, c’est la rapidité des joueurs. Cela a été un peu un choc pour nous car chez nous les matchs sont plus lents. Les matchs en France durent plus longtemps. En Nouvelle-Zélande, nous jouons généralement des mi-temps de 18 minutes sans arrêt du chrono. Nous avons eu beaucoup de chance de voir les équipes nationales françaises jouer dans différents championnats du monde. Le niveau dans ces équipes et au sein des différentes divisions en France est incroyable et cela nous a vraiment inspiré.
« C’est vraiment un privilège d’avoir joué au hockey dans l’un des meilleurs pays de hockey au monde »
Qu’est-ce qui vous a amené au roller hockey français ? Pourquoi la France ?
Nous avons vu les équipes nationales françaises masculines et féminines jouer lors des championnats du monde. Nous avons été vraiment époustouflés par le niveau de jeu et leurs performances. Lorsque l’opportunité s’est présentée de venir jouer en France, nous savions que nous pourrions apprendre beaucoup de choses.
Que penses-tu du niveau du roller hockey en France ? Est-ce que cela a été dur de s’adapter au championnat français ?
Joe : Le niveau du hockey en France est très élevé. On a pu rapidement constater que le niveau était également élevé dans les divisions inférieures. Cela n’a pas été facile de s’ajuster au rythme de jeu et à la vitesse des joueurs en France. Certaines des règles sont aussi plus strictes qu’elles ne le sont en Nouvelle-Zélande, ce qui fait que j’ai reçu quelques pénalités.
Harriet : J’ai trouvé le championnat féminin très amusant à jouer et je n’ai rencontré aucune difficulté à rejoindre cette division. J’ai trouvé aussi que le jeu était plus rapide dans la division masculine. J’ai dû trouver un moyen de prendre des décisions plus rapidement qu’à la maison.
Y a-t-il des différences majeures ?
Une différence majeure entre le hockey en France et en Nouvelle-Zélande est le nombre de terrains et de clubs. La communauté de hockey en NZ est beaucoup plus petite. Certains clubs n’ont peut-être qu’une ou deux équipes. Le développement est quelque chose sur lequel nous travaillons et nous espérons avoir beaucoup plus de joueurs dans les années à venir. Une autre différence majeure est que la Nouvelle-Zélande est assez éloignée de la plupart des nations jouant au hockey. Cela signifie que si nous voulons jouer à l’international, nous devons voyager longtemps. Alors qu’en France, il est plus accessible de jouer contre des équipes étrangères.
Que pouvez-vous dire sur le championnat féminin français, comparé au championnat féminin néo-zélandais ?
Le championnat féminin français est un peu différent de la compétition féminine en NZ. La France a le championnat N1 et N2. La
Nouvelle-Zélande n’a qu’une seule division. Je pense que les deux structures sont excellentes. J’ai aimé jouer contre Saint-Médard car c’est évidemment une équipe très forte et ça nous a obligé à nous surpasser. Personnellement, je pense que c’était notre meilleur match. La France et la Nouvelle-Zélande ont toutes deux des joueuses féminines très fortes et l’avenir du hockey féminin dans le monde s’annonce excitant. La plus grande différence est que la France a plus de joueuses féminines.
Si vous deviez donner des conseils à un joueur étranger voulant jouer en France, quels seraient-ils ?
Le meilleur conseil que nous pouvons donner est que s’investir et faire partie de l’équipe et de la communauté est plus important que d’être simplement un bon joueur de hockey. Respecter les différences culturelles et les gens est essentiel et une partie importante de l’expérience. Être un bon athlète n’est pas très utile pour une équipe si vous n’êtes pas une bonne personne.
Pouvez-vous nous parler de votre séjour en France ? Et en Europe ? Comment était-ce de vivre à Charleville-Mézières ?
L’Europe est très loin de la Nouvelle-Zélande. Il a fallu plus de 48 heures pour voyager de Charleville à Wellington. Lors du voyage, nous avons eu beaucoup de temps pour discuter de notre expérience et de nos moments préférés. Nous avons convenu que ce voyage allait rester notre aventure préférée pendant très longtemps. Les gens de Charleville étaient tellement gentils et accueillants et nous leur en sommes tellement reconnaissants. Nous étions si loin de chez nous mais on aurait vraiment dit que Charleville était devenue notre maison en France. Nous avons eu la chance de visiter la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, la République Tchèque et l’Angleterre. Nous avons eu une merveilleuse expérience dans tous ces pays.
« Il est difficile de dire à quel point nous sommes reconnaissants pour tout ce que le club de hockey de Charleville a fait pour nous »
Nous sommes tellement reconnaissants envers Marc qui a organisé toute notre expérience et partagé son amour pour le hockey avec nous. Nous admirons le soin et la passion que Marc a pour le hockey et son club. Nous sommes très reconnaissants envers Arnaud qui est l’une des personnes les plus gentilles et les plus authentiques que nous ayons jamais rencontrées. Arnaud est tellement humble et nous a également accueillis en France sans hésitation. Nous sommes également très reconnaissants envers Amaury, Nico et Eloise. Amaury a entraîné notre équipe masculine et nous a appris beaucoup sur la stratégie et le hockey en France. Nico et Eloise étaient extrêmement gentils et accueillants et n’ont jamais hésité à nous aider. Tous nos coéquipiers et membres du club ont fait preuve d’une hospitalité remarquable et nous ont vraiment montré comment la contribution de chaque personne participe à la réussite d’un club.
Charleville est une petite ville avec un énorme cœur. Nous avons eu la chance de voir et de participer à des expériences incroyables pendant nos 3 mois en Europe, mais nos moments préférés restent ceux passés au gymnase à Charleville avec nos nouveaux coéquipiers et amis. Nous sommes à jamais reconnaissants envers cette communauté pour l’opportunité de faire partie de leur club.